Il était un peu plus de 20 h 30, samedi 12 mai, dans le quartier de l’Opéra Garnier, à Paris, quand un jeune homme, armé d’un couteau, s’est jeté sur des passants en criant « Allahou akbar ! ». Sa virée meurtrière a fait un mort, un Parisien de 29 ans, et quatre blessés, dont deux grièvement touchés. Rapidement neutralisé et abattu par les forces de l’ordre, l’auteur présumé de l’attaque revendiquée par Daech a été identifié : il s’agit de Khamzat Azimov, un Français de 20 ans né en Tchétchénie. Placés en garde à vue, ses parents disent tomber des nues et le décrivent comme un musulman peu pratiquant. L’un de ses amis est également interrogé depuis dimanche. Les enquêteurs cherchent à en savoir plus sur le profil et le parcours de l’assaillant. A-t-il agi seul ? A-t-il bénéficié de complicités ? Qui était-il réellement ? Khamzat Azimov a fui en 2000 avec sa famille la Tchétchénie, une République musulmane russe du Caucase, théâtre de deux guerres. Réfugié en France, il a grandi à Strasbourg et a été naturalisé français en même temps que sa mère en 2010. Sans antécédent judiciaire, le jeune homme était depuis l'été 2016 fiché S, ce fichier des renseignements qui regroupe plus de 25.000 personnes, dont des islamistes radicaux ou des individus pouvant avoir un lien avec la mouvance terroriste, ainsi que des hooligans et des membres de groupes de l’ultra-gauche ou d'extrême-droite. Il était également inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste, mais « plutôt » en raison de « ses relations » que de « son propre comportement, ses agissements et prises de position », selon une source proche du dossier. Cette attaque porte à 246 le nombre de victimes tuées dans des attentats sur le sol français depuis 2015 et fait ressurgir dans le pays la polémique autour des fichés S. Comme après les attaques de Trèbes et Carcassonne il y a deux mois, la droite et l’extrême-droite accusent le gouvernement de ne pas en faire assez contre le terrorisme et pointent l’inutilité des fiches S réalisées par les services de renseignement. Alors à quoi sert ce fichage ? L’attaque de samedi est-elle en lien avec une « filière djihadiste tchétchène » ? Invités : - Yves Thréard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction du Figaro - Alain Bauer, professeur de criminologie, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, auteur de « La criminologie pour les nuls » publié aux éditions First - Wassim Nasr, journaliste à France 24, spécialiste des réseaux djihadistes, auteur de l’« Etat Islamique, le fait accompli » publié aux éditions Plon - Laurence Blisson, juge d’application des peines et secrétaire général du syndicat de la magistrature
C dans l'air a été diffusé sur France 5 le lundi 14 mai 2018, 17h45.