Terrible contraste. Alors qu'officiels américains et israéliens inauguraient hier en grande pompe la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, à quelques kilomètres de là, une manifestation contre ce déménagement, réunissant des dizaines de milliers de Palestiniens, a été durement réprimée par l’armée israélienne. Le bilan est très lourd : au moins 59 personnes, dont plusieurs enfants, ont péri sous les balles et plus de 2 400 autres ont été blessées. Il s’agit de la journée la plus meurtrière à Gaza depuis la fin de la guerre de 2014, venant s’ajouter à la cinquantaine de morts et centaines de blessés par balle comptabilisés depuis le début de la « grande marche du retour » entamée le 30 mars et censée se conclure ce 15 mai. Une marche pour réclamer les terres perdues au moment de la création d’Israël, il y a soixante-dix ans, mais d’abord la fin du blocus israélo-égyptien qui enserre Gaza. Les manifestations doivent se poursuivre ce mardi, pour les 70 ans de la Nakba, l'exode palestinien de 1948, et la communauté internationale craint de nouveaux affrontements. Dans la plupart des villes du monde, à l’exception de Washington, l’usage démesuré de la force par l’armée israélienne a été condamné unanimement. Londres et Berlin ont réclamé l’ouverture d’une enquête indépendante sur ces événements meurtriers. Le Conseil de sécurité de l’ONU a prévu de se réunir à 16 heures. Mais l’issue d’une telle réunion reste incertaine : la veille, les Etats-Unis, alliés historique d’Israël, ont déjà bloqué l’adoption d’un communiqué qui entendait exprimer son « indignation face à la mort de civils palestiniens exerçant leur droit à manifester pacifiquement ». 59 morts et des milliers de blessés, comment expliquer un bilan aussi lourd ? Est-on sur la voie d'une nouvelle guerre à Gaza ? Ou au bord d'une troisième Intifada ? Faut-il craindre un embrasement du Proche-Orient ? Invités : - François Clemenceau, rédacteur en chef international au Journal du Dimanche - Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis - Dominique Moïsi, géopoliticien et conseiller spécial à l’Institut Montaigne - Elisabeth Marteu, politologue, professeur à Science Po et spécialiste du Proche-Orient.
C dans l'air a été diffusé sur France 5 le mardi 15 mai 2018, 17h50.