Le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper Casher a repris ce lundi sous l’impulsion, inédite, du ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti, qui n’a pas plu aux avocats de la défense qui dénonce « un procès criminel sans accusé ».
Depuis trois semaines, le principal accusé du procès des attentats de janvier 2015, Ali Riza Polat, a contracté le covid-19. Devant son impossibilité de se rendre au tribunal, le procès a donc été suspendu. Trop longtemps pour le Garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti qui a rappelé qu’il était tout à fait possible de poursuivre les auditions et les débats « en visioconférence ». Cette irruption dans le procès n’a pas plu aux avocats de la Défense qui refusent dans une tribune du Monde « de cautionner le triste spectacle d’un procès criminel sans accusé ».
A la réouverture du procès ce lundi, avocats et magistrats se sont mobilisés pour protester contre la reprise des débats en l’absence du principal accusé. Pour Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, il est inconcevable de reprendre le procès tant qu’Ali Ziza Polat ne peut regagner le tribunal. « Je plaide pour que ça ait du sens (…) Qu’est-ce que je vais faire passer comme message devant un accusé qui est en prison, qui ne peut pas assister à son procès et qui vomit ? Je vais me lever pour plaider des droits fondamentaux en en sacrifiant d’autres ? Quelle crédibilité j’aurais ? » s’est-il questionné au micro d’Azzeddine Ahmed-Chaouch.
Quotidien avec Yann Barthès a été diffusé sur TMC le lundi 23 novembre 2020, 20h19.