À seulement 17 ans, Thomas est déjà un parieur aguerri. Il s'est inscrit sur un site grâce à l'identité de sa sœur, majeure. "J'ai mis 10 euros sur le site, je repariais l'argent que j'ai gagné et au fur à mesure, je suis monté". Un passe-temps que sa mère surveille régulièrement : "ça peut prendre des proportions si le jeune n'est pas lucide, s'il n'y a pas un contrôle derrière".
Beaucoup le voient comme un eldorado, celui de l'argent facile. En France, les accros aux paris sportifs étaient 3,4 millions en 2020. Ils sont un million de plus cette année. Les jeunes adultes gonflent les rangs de cette communauté. Alors qu'ils ne représentaient que 17% des joueurs en 2011, les 18-24 ans constituent aujourd'hui 34% des parieurs.
Pour attirer cette clientèle captive, une dizaine de sites se livrent une guerre sans merci. Les opérateurs font appel à des influenceurs pour séduire les plus jeunes. La dernière campagne de pub de Winamax a notamment hérissé les spécialistes de l'addiction. Inspirée du "Roi lion", elle est susceptible d'attirer aussi les mineurs.
Quel que soit l'âge, la loi est claire : "Sont interdites les publicités qui banalisent le jeu, qui indiquent que celui-ci valorise la réussite sociale ou qu'en jouant, on peut gagner sa vie". Pour l'addictologue Jean-Michel Delile, les annonceurs tiennent un double langage. "On se rend compte que certains d'entre eux, de leur communication, ciblent les populations les plus vulnérables pour les accrocher le plus tôt possible".
Dès ses 18 ans, Florian est tombé dans cette dépendance. Par addiction aux paris sportifs, il s'est mis à mentir, puis à voler ses proches. En tout, le jeune homme a perdu plus de 12 000 euros. Nombreux sont les signaux d'alerte d'un jeu problématique : emprunter de l'argent, joueur pour se refaire ou se couper de sa famille.
Le Journal du week-end a été diffusé sur TF1 le samedi 27 mars 2021, 20h23.