Dans les grandes villes, en scooter ou à vélo. Ils travaillent sur cette grande plateforme. Chez Deliveroo, par exemple, on est passé de 14 000 à 22 000 prestataires en un an. Pour devenir livreur, il suffit de quelques clics pour ouvrir un compte. Une seule condition : être citoyen de l'Union européenne ou avoir un titre de séjour français. Mais contourner cette obligation est un jeu d'enfant. Les fraudeurs s'affichent sur les réseaux sociaux. Ils louent leurs comptes moyennant de coquettes sommes. Un business bien rodé.
Pour en connaître les conditions, nous avons contacté l'un d'eux. Les livreurs que nous avons rencontrés affirment que les contrôles sont rares. Et la plupart sont sans papiers. Abdou est Guinéen, sa demande d'asile vient d'être rejetée. Pour pouvoir travailler, il sous-loue le compte d'un livreur en règle en échange d'un certain pourcentage. Une pratique interdite.
Pour une cinquantaine d'euros par jour, Abdou parcourt des dizaines de kilomètres et prend des risques. En cas d'accident, il n'est pas assuré. Ces maigres économies lui permettent de suivre une formation en e-commerce. Et si le loueur d'Abdou a toujours restitué sa part, d'autres profitent de ces sans-papiers qui n'ont aucun recours.
Du côté des plateformes, Deliveroo se dit conscient de ces fraudes et affirme surveiller les comptes de ses prestataires. Lorsque la fraude est avérée, Deliveroo dit supprimer le compte. L'entreprise envisagerait aussi de mettre en place un système qui selon elle serait infaillible. Les plateformes et le gouvernement travaillent ensemble pour lutter contre ce trafic en plein essor. Les propriétaires des comptes frauduleux risquent jusqu'à cinq ans de prison et 15 000 euros d'amende.
T F1 | Reportage A. Basar, S. Chevalereau
Le journal de 20h a été diffusé sur TF1 le mercredi 23 février 2022, 20h26. Cet épisode a été publié pour la première fois le mercredi 22 juillet 2020.