On pourrait être au cœur de la nuit, vers 4h du matin, quand Toulouse, la ville des nuits arrosées et bruyantes, s'apaise enfin. Mais non, il est à peine 19h30. Où sont donc les 100 000 étudiants qui envahissent d'ordinaire les quais dès la tombée de la nuit. La police municipale est la gardienne de ces soirées pour couche-tôt. Elle s'ennuie, elle aussi. Faute de désordre sur la vie publique, les agents contrôlent les fameuses attestations et écoutent patiemment les bonnes excuses des retardataires. Pour les SDF, le couvre-feu avancé, ce sont quelques heures de chaleur au contact des mieux lotis qui disparaissent.
Les livreurs à vélo sont pour quelques heures les rois de la ville. Ils n'ont jamais autant pédalé. À l'heure de la pause, ces témoins privilégiés des mœurs de couvre-feu racontent les petites scènes entraperçus par la porte de leurs clients confinés. En ville, il y avait pourtant une sortie culturelle autorisée après 18h avec la bénédiction des autorités sanitaires. Succès total pour cette visite de patrimoine un peu particulière. Ces temps-ci, tout a un prix, en l'ocurrence 400 ml de votre sang en échange d'une vue imprenable sur les œuvres de la grande salle des illustres du Capitole. Il est à peine 21h, l'Agence française du sang tient le seul restaurant ouvert en ville. De quoi s'imaginer au petit matin rentrer d'une longue nuit de fête, mais à seulement 11h du soir.
Le Journal du week-end a été diffusé sur TF1 le vendredi 22 janvier 2021, 20h21.