Au lendemain de l'accord entre Paris et Rome sur le chantier STX, le ministre de l’Economie se rend cet après-midi à Saint Nazaire pour rencontrer la direction et les élus du personnel qui se posent bien des questions sur les détails du pacte conclu. Il est vrai qu’entre l’annonce de la création de Siemens-Alstom et celle d’un accord avec l’italien Fincantieri pour les chantiers navals STX, la politique industrielle du gouvernement surprend et interroge.En juillet dernier, Bruno Le Maire hissait le pavillon tricolore sur les chantiers pour empêcher une prise de contrôle par leur concurrent italien. Et hier à Lyon, Emmanuel Macron a célébré un accord "gagnant-gagnant" dans lequel l’État français "prête" 1 % du capital au groupe italien pour lui permettre d’avoir la majorité à 51 %, avec toutefois un "droit de retour" au cas où le partenaire ne remplirait pas ses engagements.Nationalisé voilà deux mois, le chantier naval STX passe finalement sous contrôle italien, et ce au lendemain d’un rapprochement entre Alstom et Siemens qui fait grincer des dents en France. Annoncée "entre égaux", la fusion des activités de construction ferroviaire des deux groupes doit créer un numéro deux mondial du matériel roulant (en volume), pour notamment contrer le géant chinois CRRC. Le TGV sera donc désormais "franco-allemand". Mais l'accord prévoit que Siemens pourra acquérir plus de 50 % du capital d’ici 4 ans. Une perspective qui irrite beaucoup à droite comme à gauche où l’on craint pour l’emploi dans les sites industriels français, particulièrement dans le Nord.Dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde, l’ancien ministre Arnaud Montebourg dit sa "tristesse" et déclare qu’ "il n’est pas trop tard pour nationaliser Alstom". Le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, estime pour sa part qu’"avec Alstom-Siemens, on ne construit pas un champion européen mais un champion allemand". De son côté, l’élu communiste valenciennois Fabien Roussel parle de "capitulation" et demande une commission d’enquête sur les conditions de ce mariage.Alors quelles sont les conditions et le but de ce rapprochement ? Quelles garanties les entreprises donnent-elles en matière d’emploi ? Va-t-on vers la naissance d’un Airbus du rail ? Ou est-on en train de liquider nos fleurons industriels ? Quelle est la stratégie industrielle de la France ? Invités :- Elie COHEN, économiste, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l’industrie- Gérard-François DUMONT, géographe et démographe, président de la revue Population & avenir- Sophie COIGNARD, journaliste politique à l’hebdomadaire Le Point- Thomas PORCHER, économiste, professeur d’économie à la Paris School of BusinessDu lundi au samedi, «C dans l'air» donne les clés pour comprendre dans sa globalité un événement ou un sujet de première importance, en permettant aux téléspectateurs d'intervenir dans le débat ou de poser des questions par SMS ou Internet.
C dans l'air a été diffusé sur France 5 le jeudi 28 septembre 2017, 17h50.