Chroniqueur : Alex Jaffray À l’occasion de la sortie d’un coffret inédit des premières sessions d’enregistrement des Variations Godlberg (Bach) par Glenn Gould, portrait d’un des meilleurs pianistes au monde. Les Variations Goldberg Ce coffret se classe d’emblée comme historique, puisqu’il ouvre les portes du studio où Glenn Gould, alors âgé de 22 ans, enregistre en juin 1955, à New York, dans une ancienne église de la 30e Rue, les Variations Goldberg de Bach. Beaucoup de musiciens et pianistes pensent d’ailleurs que Glenn Gould serait furieux de la sortie de ces documents inédits (on peut entendre toutes ses sessions de travail de la première à la dernière note), tant il était obsessionnel et perfectionniste. Ecouterait-on les Variations Goldberg, de Jean-Sébastien Bach, sans son interprétation ? La réponse est, non. Ecrite en 1740, cette partition qui prend le nom de l’élève de Bach, est initialement destinée au clavecin à deux claviers. Et pour cause, l'usage fréquent de croisements de mains rend leur interprétation difficile sur un seul clavier. Gould fait alors le pari de jouer ces Variations méconnues et mal aimées du public au piano et ne cessera tout au long de sa carrière de les interpréter encore et encore, créant un véritable mythe. Extrait d’un concert enregistré pour la chaîne canadienne CBC en juin 1964. https://www.youtube.com/watch?v=eZCSOdi19jQ&feature=youtu.be&t=232 « Né le 25 septembre 1932, mort le 4 octobre 1982 ». Ce disque, le premier du pianiste, s'est vendu à plus d’un million d'exemplaires jusqu'à aujourd'hui. Un personnage atypique« Le génie démarre tôt, mais y a des fois ça rend marteau ». Cette citation de Gainsbourg colle parfaitement au personnage de Glenn Gould. Génie aussi fascinant qu’énigmatique, son cas aurait fait le bonheur d’un psychanalyste. Avec une santé fragile depuis l’enfance, il était devenu hypocondriaque, phobique et souffrait particulièrement du froid.Il lui arrivera même de jouer en concert avec des radiateurs autour de lui pour pallier le manque de chauffage dans la salle.Le pianiste s’infligeait également de nombreux rituels : il se trempait les bras jusqu'aux coudes dans l'eau chaude pendant vingt minutes, avant de s'asseoir au piano, sur une seule et unique chaise, celle adaptée par son père en 1953. Un objet emblématique du pianiste, plus basse que la plupart des tabourets pour piano, donnant à Gould une position caractéristique. Même très abîmée, il continuera néanmoins à l’utiliser lors de toutes ses représentations et en studio, la rafistolant comme il put, pendant près de 30 ans. https://www.youtube.com/watch?v=hlAg-yL-FfY Elle est aujourd’hui exposée au Centre national des Arts d’Ottawa. En 1964, coup de théâtre : à 31 ans, Gould abandonne les concerts et ne se consacre plus qu'à l'enregistrement, il trouvait le concert désuet au regard des nouvelles possibilités techniques qu’offrait le studio, puisqu’il pouvait reprendre jusqu’à cent fois la même prise et choisir la bonne. Si Les Variations Goldberg marquent le début de la carrière de Glenn Gould (c’est son premier contrat d’enregistrement), elles marquent également la fin, puisqu’il réenregistre les variations en 1981, et meurt d’une attaque cérébrale moins d'un mois après la sortie du disque. Ce second enregistrement (en 1981) démontre que la même œuvre, interprétée par le même virtuose, peut aboutir à une toute autre exécution. https://www.youtube.com/watch?v=aEkXet4WX_c
Télématin a été diffusé sur France 2 le mercredi 18 octobre 2017, 08h43.