Ils mettent le feu à des ours en peluche, leur arrachent les yeux, les découpent, provoquent des accidents, font surchauffer des batteries... Des odieux scientifiques torturent les jouets pour la bonne cause, la sécurité des enfants. Dans un laboratoire en Normandie, un ourson s'apprête à passer sur le gril. La norme est stricte : hauteur de flamme 2 cm, temps d'exposition 3 secondes, le feu ne doit pas se propager trop vite. "Cette peluche n'est pas dangereuse. La vitesse de propagation de la flamme est 30 fois inférieure à la limite autorisée. Donc la peluche est conforme. Un enfant aura le temps de la lâcher et éviter de se brûler", assure Fabien Bertheaux, technicien essai d'Intertek.
Dans le département chimique de ce laboratoire, on gratte les peintures, les vernis, des éléments que les enfants peuvent mettre à la bouche. Les techniciens vérifient que les métaux lourds comme le plomb ou l'arsenic ne peuvent pas se diffuser dans l'organisme. "Si un enfant avale des métaux lourds, celui-ci pourra avoir des mutations au niveau de son ADN ou des problèmes à l'avenir de reproduction, et devenir éventuellement stérile", a expliqué Thibault Fourgeroux, responsable adjoint laboratoire chimie Intertek .
Voilà pourquoi ces tests sont faits à la demande des fabricants et des distributeurs avant la commercialisation des produits. Environ un jouet sur dix se révèle potentiellement dangereux. Mais certains échappent aux contrôles des laboratoires. Fabricant négligeant, revendeurs peu scrupuleux. Certains s'affranchissent de ces tests, pourtant obligatoires, parce qu'ils coûtent plusieurs milliers d'euros. Alors, pour limiter les risques, scrutez les emballages.
" Il faut se méfier d'un jouet qui n'aurait pas le marquage CE qui engage le fabricant à respecter les exigences en matière de sécurité. Et un jouet qui n'aurait pas, par exemple, de carte d'identité, c'est-à-dire manque de numéro d'identification et manque de nom, raison sociale et l'adresse du fabricant", indique Louis Nizinski, responsable marché jouet France Intertek.
Attention aussi aux achats sur les Marketplace. Ces sites sont considérés comme de simples intermédiaires qui vous mettent en relation avec les fabricants, leur responsabilité légale est limitée. Quant aux fabricants eux-mêmes, souvent implantés à l'autre bout du monde, ils sont en général à l'abri de la justice européenne.
Le Journal du week-end a été diffusé sur TF1 le vendredi 20 novembre 2020, 20h24.