Ce n'est pas simplement un crime qui a occupé la Cour d'assises de Haute-Saône pendant six jours. C'est toute une vie de couple et son intimité qu'il a fallu examiner, décortiquer presque, pour tenter de comprendre. Les faits, Jonathann Daval les a reconnus. Oui, il a tué sa femme Alexia. "Je lui cogne deux fois la tête contre le mur avant de la frapper. Avant, je n'osais pas admettre que j'avais fait ça... Je n'avais jamais donné de coups à qui que ce soit", dit-il. Puis, il a transporté le corps, et l'a brûlé. "Aussitôt que le feu a pris, je suis parti... c'est dégueulasse", ajoute-t-il.
Pourquoi ce crime ? Les réponses apportées par Jonathann Daval n'ont pas convaincu. Mercredi, l'accusé parle du désir d'enfant d'Alexia, de sa propre difficulté d'avoir une érection et de son humiliation, lorsque dit-il, elle lui reprochait de ne pas être un homme. Quelques minutes après, il fait un malaise dans le box. L'audience est suspendue. Pour l'accusation et la partie civile, Jonathann Daval a tué sa femme parce qu'elle voulait le quitter.
La mère d'Alexia lui pose directement la question : "elle voulait s'en aller, c'est ça ?". "Non, j'ai perdu pied. Tout est ressorti en moi, ces années de colère. Ce que j'ai emmagasiné, ses reproches", a répondu l'accusé. "Tu voulais qu'elle se taise, tu es arrivé à tes fins. Tu as été heureux quand elle s'est tue ?", a répliqué la mère d'Alexia. "Non", dit son gendre. Isabelle Fouillot finit cette confrontation avec ces mots terribles : " je te souhaite un bon séjour en prison, Jonathann. Adieu". Moment d'émotion lorsque le père d'Alexia témoigne également à la barre. "L'avenir, on pensait que ce serait aussi les petits-enfants d'Alexia et ce ne sera pas réalisable", dit-il.
Ce procès, c'est aussi celui d'un mensonge hors normes, avec l'image que chacun avait en tête du mari éploré et inconsolable qui dissimulait à tous, son crime. Hors-nome également, la médiatisation de l'affaire, avec un avocat général, fait rarissime, qui vient lui-même expliquer devant les caméras, pourquoi il a demandé la perpétuité contre Jonathann Daval. "Il m'a semblé que dans cette affaire épouvantable. Le calvaire qu'a été subi par Alexia Daval. La façon dont elle est morte, la crémation de son corps, le mensonge, méritaient effectivement que cette peine soit requise", a déclaré Emmanuel Dupic, avocat général.
Trois ans après les faits, et en l'absence d'appel de l'accusé, l'affaire Daval se referme ce soir judiciairement et médiatiquement. La famille d'Alexia, elle, va pouvoir vivre son deuil plus sereinement.
Le Journal du week-end a été diffusé sur TF1 le samedi 21 novembre 2020, 20h01.