Muriel Pénicaud, ministre du Travail, avait déjà été mise en cause après des révélations sur la violation présumée des règles de concurrence lors de l’organisation d’une soirée à Las Vegas lorsqu’elle était à la tête de la société Business France. Jeudi, l’Humanité révèle une seconde affaire la concernant, alors même que la loi sur la moralisation de la vie publique est en discussion à l’Assemblée nationale. En 2013, Muriel Pénicaud, alors directrice des ressources humaines chez Danone, aurait profité d’un plan social dans l’entreprise pour vendre ses stock-options, et réaliser une plus-value d’1,13 millions d’euros. L’opération, a priori réalisée en toute légalité, soulève une question de moralité pour la ministre en charge d’une des réformes phares du quinquennat.Au-delà de l’accusation portée contre Muriel Pénicaud, cette annonce pourrait fragiliser sa relation avec les syndicats alors qu’elle avait été présentée comme une ministre experte en dialogue social. Les syndicats, en pleine négociation, commencent d’ailleurs à critiquer les multiples rencontres réalisées avec le gouvernement Macron pour discuter de la loi Travail : « on n’a jamais eu de texte sous les yeux» explique Fabrice Angéi, secrétaire confédéral de la CGT, à Libération. Ce syndicat a d’ailleurs déjà prévu une journée de grève et de manifestation le 12 septembre prochain.Les sénateurs ont, eux, validé jeudi le projet de loi autorisant le gouvernement à procéder par ordonnances dans le cadre de la loi Travail. Mais de vives critiques ont visé les mesures concernant l’assouplissement du CDD et le CDI chantier, que beaucoup considèrent comme une précarisation de l’emploi. Au sein du groupe LREM, de légères dissidences commencent également à apparaitre. Mardi soir, 273 députés de la majorité ont en effet voté contre l’avis du gouvernement l’amendement de Véronique Rabault (PS). Il réclamait l’interdiction de la rémunération des collaborateurs parlementaires par les lobbys.Plusieurs mesures de cette nouvelle loi Travail sont inspirées de la loi El Khomri, comme celle concernant le référendum d’entreprise que nos journalistes décrypteront ce soir. Depuis la loi El Khomri, même les syndicats minoritaires peuvent organiser un referendum parmi les salariés, Emmanuel Macron souhaiterait étendre ce droit à l’employeur qui pourrait initier à son tour des referendums au sein de l’entreprise.Les casseroles de Muriel Pénicaud entacheront-elles la loi qu’elle porte à l’Assemblée ? Les députés LREM vont-ils voter selon l’avis du gouvernement ? Comment l’opposition fera-t-elle entendre sa voix dans les débats ? Invités : - Jérôme FOURQUET, de l’institut de sondages IFOP- Virginie LE GUAY, rédactrice en chef adjointe au service politique de Paris Match- Mathilde LEMOINE, économiste, professeure à Sciences Po- Bernard VIVIER, directeur de l'Institut supérieur du travail
C dans l'air a été diffusé sur France 5 le vendredi 28 juillet 2017, 17h50.