Emmanuel Macron ouvrira-t-il une porte de sortie à la crise des Gilets jaunes ? Après quasiment un mois de mobilisation et une quatrième manifestation nationale samedi dernier, tous les yeux sont rivés sur le chef de l’État. Il reçoit depuis ce matin les élus locaux, les partenaires sociaux et les organisations patronales afin de renouer le dialogue avec les Français. Après cette journée de consultations, Emmanuel Macron prendra la parole à 20 heures depuis l’Élysée où il devrait annoncer « des mesures concrètes et immédiates », selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Aucun « coup de pouce au smic » n’est pas envisagé en revanche. Plus que des compromis, les Gilets jaunes attendent aujourd’hui un véritable changement de cap pour apaiser leur colère. Plusieurs pistes sont envisagées : reporter la réforme des retraites, accélérer la suppression de la taxe d’habitation, instaurer une prime de mobilité pour les Français qui vont au travail en voiture, augmenter le minimum vieillesse… Autant de mesures qui pourraient coûter cher au gouvernement, entre 12 et 15 milliards d'euros, et faire passer le déficit budgétaire du pays à 2,8% du PIB en 2019. Trouver une issue à la crise est primordial pour le gouvernement, inquiet des conséquences du mouvement Gilets jaunes. Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, l’a d’ores et déjà annoncé : la croissance du pays va baisser de 0,1 point sur le dernier trimestre de 2018. Il a également souligné un impact « sévère et continu » sur l’économie française et l’activité. Dans le secteur de la restauration par exemple, les chiffres d’affaires ont baissé de 20 à 50% depuis le début du mouvement. Ceux de la grande distribution ont chuté de 15 à 25%. Les artisans et les commerces de proximité dans la capitale comme en région ont également été très fortement touchés, avec des pertes atteignant jusqu’à 70%. Boutiques vandalisées et pillées, perte de clients et de touristes, effondrement du chiffre d’affaires à l’approche de Noël : pour Bruno Le Maire, cette chute « n’est pas rattrapable ». La facture s’annonce particulièrement salée à Paris où les différentes dégradations se chiffrent à trois voire quatre millions d'euros. Les commerces des Champs-Elysées ont enregistré un manque à gagner de huit millions d’euros. À Charleville-Mézières, dans les Ardennes, la colère des Gilets jaunes est profonde et ravive des souvenirs douloureux. En 2006, l’usine de pièces automobiles Thomé-Génot avait fermé ses portes, après des mois de grève. L’équipementier a été poussé à la liquidation après le passage d’actionnaires américains. Douze ans plus tard, ce feuilleton judicaire laisse toujours un goût amer aux anciens ouvriers et forgerons de l’entreprise. Aujourd’hui, ils ont rejoint les rangs des Gilets jaunes pour exprimer un ras-le-bol ancien et durable, dans une ville où le taux de chômage atteint 23,7%. Les annonces tant attendues d’Emmanuel Macron sauront-elles convaincre les Gilets jaunes ? L’économie française, fortement impactée par le mouvement, pourra-t-elle se relever rapidement ? Pourquoi le mouvement des Gilets Jaunes est-il si fortement ancré à Charleville-Mézières ? Invités :Yves Thréard - Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Françoise Fressoz - Editorialiste au Monde Soazig Quéméner - Rédactrice en chef du service politique de Marianne Brice Teinturier - Directeur délégué de l’institut de sondages IPSOS
C dans l'air a été diffusé sur France 5 le lundi 10 décembre 2018, 17h50.