L'affaire Khashoggi a provoqué une onde de choc qui n'a pas encore fait sentir tous ses effets. Depuis l’assassinat le 2 octobre dernier du journaliste saoudien de renom dans le consulat de son pays à Istanbul, les rebondissements se succèdent et la pression s’accroit sur le prince héritier de la pétromonarchie, Mohammed ben Salmane. Semaine après semaine, des informations compromettantes pour Riyad, et parfois des théories et des détails macabres du meurtre, sont distillées par les autorités turques, ou par des articles de presse publiés dans des médias proche du pouvoir. Ainsi alors que le corps de Jamal Khashoggi n'a toujours pas été retrouvé par les enquêteurs, un haut responsable turc a révélé ces derniers jours que deux « nettoyeurs » se sont rendus d'Arabie saoudite en Turquie pour « effacer » les preuves du meurtre « avant que la police turque ne soit autorisée à fouiller les locaux ». « Le fait qu'une équipe de nettoyeurs a été dépêchée d'Arabie saoudite neuf jours après le meurtre suggère que de hauts responsables saoudiens étaient au courant de la mise à mort de Khashoggi », a accusé ce responsable. Parallèlement, un ami proche de Khashoggi a affirmé lors d’une interview accordée à la BBC que le journaliste était sur le point de révéler des détails sur l'utilisation d'armes chimiques par l'Arabie saoudite au Yémen. Ces révélations interviennent alors que des sources de renseignements distinctes ont indiqué au Sunday Express que la Grande-Bretagne aurait été informée d'un complot autour de l’assassinat du journaliste saoudien, trois semaines avant que ce dernier ne se rende au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Corps dissout dans de l’acide, « nettoyeurs » missionnés par Riyad, complot … Derrière le récit glaçant de l'assassinat de cet opposant saoudien devenu chroniqueur au Washington Post, les critiques des pays occidentaux redoublent contre Riyad et l'avenir du prince héritier « MBS » ainsi que le nouveau jeu d’alliances qu’il a mis en place avec les Etats-Unis semble désormais s’écrire en pointillé. Le 31 octobre, Washington a appelé à mettre fin à la guerre au Yémen, demandant notamment que cessent les frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie saoudite, et réclamant l'ouverture de négociations de paix d'ici 30 jours. Alors quelles conséquences l’affaire Jamal Khashoggi va-t-elle avoir dans la région ? Le journaliste saoudien a-t-il été assassiné parce qu'il en savait trop sur la guerre menée par MBS au Yémen ? L'Arabie saoudite peut-elle provoquer un choc pétrolier ? Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle crise au Proche-Orient ? Invités : Pascal Boniface - Directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques Pierre Servent - Expert militaire et spécialiste des questions de défense Hala Kodmani - Journaliste à Libération, spécialiste du Moyen-Orient Clarence Rodriguez - Journaliste et auteure de « Arabie Saoudite 3 .0, Paroles de la jeunesse saoudienne »
C dans l'air a été diffusé sur France 5 le vendredi 9 novembre 2018, 17h50.